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Mercredi - Sem. 17 2 4 Avr. Fidèle @Pleine lune
La grande chose de la démocratie, c’est la solidarité. La solidarité est au delà de la fraternité ; la fraternité n’est qu’une idée humaine, la solidarité est une idée universelle ; universelle, c’est-à-dire divine ; et c’est là, c’est à ce point culminant que le glorieux instinct démocratique est allé. Il a dépassé la fraternité pour arriver à l’adhérence. Adhérence avec quoi ? avec Pan ; avec Tout. Car le propre de la solidarité, c’est de ne point admettre d’exclusion. Si la solidarité est vraie, elle est nécessairement générale. Toute vérité est une lueur de l’absolu. Victor Hugo

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Corruption : l’hydre du Maroc

 

L’histoire hellénistique foisonne de mythes fabuleux dont celui de l’effroyable hydre de Lerne. Il s’agit d’un monstre né de l’union de Typhon et Echidna et qui se présente sous la forme d’un serpent d’eau à corps de chien, doté de plusieurs têtes dont le nombre varie de 5 à 100 et même beaucoup plus selon des auteurs. Ces têtes se régénéraient une fois tranchées. Le monstre ravageait les récoltes et anéantissait les troupeaux du pays. En outre, l’haleine expirée par ses multiples gueules proférait un poison radical, et ce même durant le sommeil de la bête. Cette férocité n’empêcha pas Hercule de le tuer lors de l’accomplissement de ces fameux douze travaux, avec, il est vrai,  l’appui de son neveu, le héros thébain Iolaos.

Mais me diriez-vous : quelle est la relation entre ce monstre grec et le Maroc? La réponse c’est que le pays du soleil couchant  peut, hélas, se targuer d’avoir son propre hydre ! Il porte, certes, un nom moins énigmatique mais qui ne l’empêche pas, pour autant, d’être énormément et effectivement dévastateur. Ce monstre tentaculaire s’appelle al-fasâd. Il se présente sous diverses appellations dont : an-noir, lahlawa, at-tadwira, moulay Ahmed, qhiwa, baraka, etc. Les épithètes varient selon les régions et les circonstances pour former, en fin de compte, les gueules fétides et tueuses de l’horrible bête.
L’hydre marocaine est, donc, ce mal endémique qui est la corruption et qui ne cesse de miner le pays et rend très laborieux son essor vers un lendemain meilleur. Mais si la bête grecque n’est, en définitive, qu’une image allégorique de la lutte perpétuelle entre les forces du bien et les forces du mal, son vis-à-vis marocain est une pieuvre bien vivante et beaucoup plus dangereuse. Quasiment plus rien ne peut se faire au pays sans le paiement, à un moment ou un autre, d’un tribut injuste et injustifié. Un constat corroboré par le classement du Maroc à la 80ème place (sur 183 pays pris en compte) des pays corrompus selon l’Indice de perception de la corruption (IPC) 2011, dévoilé par Transparency International. Les campagnes officielles et la mise à l’index de gros bonnets en les évinçant de la Fonction publique ou en les jetant en prison n’amenèrent guère d’amélioration à ce niveau. Ainsi, du simple employé du service d’état civil, à l’agent de la force publique, en passant par le médecin, l’enseignant etc., tout l’appareil administratif semble corrodé par ce mal dévastateur. Tous les Marocains, y compris l’auteur de cet article, ont, à un moment ou un autre, été confrontés à ce problème et ont souvent succombé, bon gré mal gré, à l’appel de l’hydre du Maroc.
A titre d’exemple, l’accession à la propriété est devenue plus complexe à cause du fameux «noir» que tout acquéreur doit payer cash. Une opération lourde de conséquence puisqu’elle ne peut être prise en compte lors de l’attribution d’un prêt bancaire. Du coup, nombreuses sont les familles qui se retrouvent privées de ce droit légitime d’avoir un chez-soi. La maison qui initialement, doit être un gage de stabilité et une fenêtre d’espoir sur l’avenir, est devenue un saut dans un gouffre obscur que des millions de concitoyens ne peuvent, malgré tout, accomplir faute de parachute !
L’autre forme de corruption touche à un domaine encore plus vital, à savoir le droit d’enfanter. En effet, la majorité des bébés marocains naissent dans le « noir » ! Je ne parle pas ici de l’état des hôpitaux et autres cliniques, mais de ce droit de passage que les parents doivent verser en « liquide » au gynécologue pour que leur bébé accède à la vie dans des conditions acceptables. Pour faire face à cette variance de la ztata que les coupeurs de routes prélevaient jadis auprès de voyageurs esseulés traversant les cols routiers du Maroc au XIXème siècle, des pauvres dames se séparent, avec amertume, des quelques bijoux qu’elles possèdent ou organisent entre elles l’opération dite « darte » et qui consiste à constituer un fonds commun alimenté mensuellement par des sommes versées à part égale par les associées d’infortune. Chaque participante utilise ce pactole à tour de rôle pour affronter une dépense lourde dont le noir imposé par les zettats du col de l’utérus !

On peut se contenter de ces deux formes de corruption car la liste est, malheureusement, loin d’être exhaustive. Il est inutile de parler des sommes exigées pour « acheter » un poste, obtenir un permis de construire, éviter un paiement fiscal en achetant de vraies fausses factures, soudoyer le moqaddem pour obtenir une attestation de résidence, obtenir l’aide de l’infirmière alors que le patient souffre sur son lit d’hôpital, passer outre les exigences du cahier des charges pour obtenir un marché, etc.
Pourquoi cette inclinaison pour ce comportement déviant ? Constitue-t-il une spécificité marocaine ? La réponse à la seconde interrogation est non, car la corruption est un fait universel dont la gravité varie d’un pays à l’autre. Par contre, sa forte propagation dans tous les rouages de la société marocaine est inquiétante. Il est fort probable que ceci vient, en grande partie, de la vision que gardent toujours nos concitoyens de l’appareil étatique. L’Etat marocain est encore confondu au Makhzen, la vieille structure qui soumettait les tribus à une pression fiscale abusive dont la gravité augmentait «régulièrement et  proportionnellement à l’accroissement progressif du luxe, des besoins et des dépenses de l’Etat», comme le souligne Ibn Khaldoun dans sa Mouqaddima,

La corruption est, aussi, l’histoire du serpent qui se mord la queue, car elle est à la fois le résultat et la cause du sous-développement et de la pauvreté. Celui qui n’arrive pas à subvenir à ses besoins honnêtement, n’hésite pas à emprunter des chemins tortueux pour améliorer sa situation. L’exiguïté des moyens de subsistance et la rareté des opportunités d’emploi sans oublier la modicité des salaires favorisent trop souvent ce genre de conduite.
La conséquence de cette situation fait que de nombreux citoyens se sont retrouvés exclus de facto du marché du travail, du droit à l’accession à la propriété, des services publics, etc. Une réalité triste et révoltante et qui justifie à elle seule les remous épisodiques que connaît la rue marocaine.
L’Etat de droit et de justice auquel nous aspirons tous ne peut se construire sans l’extirpation de la corruption du corps social. L’Etat ne peut agir et contribuer à l’éradication de la misère et du chômage si tout le monde essaye d’échapper ou de puiser dans les rentrées fiscales. En effet, une fiscalité juste et équitablement collectée auprès des contribuables permet à l’Etat de jouer pleinement son rôle. Il ne faut pas non plus croire que celui-ci doit incessamment absorber les flux successifs des diplômés en les intégrant dans la Fonction publique. Aucun pays au monde ne peut le faire. Par ailleurs, il me semble qu’un Etat trop fortement employeur n’est pas un signe positif du dynamisme d’un pays. Bien au contraire ! Le rôle de l’Etat est de stimuler et d’influer sur le développement du pays par des choix politiques éclairés et des orientations économiques audacieuses afin que les retombés bénéfiques puissent profiter à la majorité de la population.
 
Dans une de ses merveilleux textes, le chanteur belge Jacques Brel dit : «C’est trop facile d’entrer aux églises * De déverser toutes ses saletés * Face au curé qui dans la lumière grise * Ferme les yeux pour mieux nous pardonner». Cette critique acerbe du confessionnal, la fameuse station de lavage à sec qui permet aux chrétiens de s’absoudre de tout péché, est un tir à boulets rouges sur l’hypocrisie de l’homme en général. En s’inspirant de cette image poétique, on peut dire à propos de notre propre société marocaine qu’il est trop facile de se frotter le front jusqu’à se brûler la peau pour vaquer, juste après la prière, à des comportements aussi abominables que l’encouragement de la corruption ! Il est trop facile de se gargariser de discours les plus progressistes tout en agissant à l’inverse de ces idées par ailleurs ! Il est trop facile de se voiler la tête jusqu’à obstruer la respiration pour, une fois au bureau, on se permet de racketter l’administré souhaitant retirer un simple extrait d’acte de naissance ! Il est trop facile de suivre des années durant de longues études de droit et vivre «tout le reste de travers», pour paraphraser un célèbre humoriste ! Ces interrogations n’ambitionnent aucunement de donner des leçons de morale à quiconque. Elles n’ont comme visée que de mettre le doigt sur la schizophrénie comportementale qui règne dans notre société.

Si Hercule a pu, avec le soutien de son neveu, venir à bout de l’hydre de Lerne en dépit de sa puissance et de sa quasi-immortalité, il semble, en théorie, plus aisé pour plus de 32 millions de Marocains de mettre hors d’état de nuire la bête féroce qui est la corruption. Il suffit pour cela de briser le cercle vicieux. Un sursaut moral de chacun est la condition sine qua non pour permettre cette victoire fondamentale. Il ne faut pas oublier, en effet, que l’appareil étatique n’est, du moins dans les pays dits démocratiques, que le condensé des actes et choix individuels. L’Etat de droit et d’équité auquel nous aspirons et qui a motivé les remous de notre «mini printemps marocain», ne peut devenir une réalité sans l’implication réfléchie et responsable de chaque Marocaine et de chaque marocain. Le vivre ensemble impose cette prise de conscience individuelle.  Une lueur d’espoir : les mutations que vit le pays depuis quelques mois laissent présager un lendemain meilleur. La réforme constitutionnelle initiée par Sa Majesté Mohammed IV dans son discours historique du 9 mars 2011 et l’implication croissante de la société civile dans la vie politique permettent d’espérer une éradication progressive des causes ténébreuses d’al-fasâd. En tout cas, devant un mal aussi pervertissant, si on ne fait rien, c’est tout l’édifice de l’Etat marocain qui risque de s’écrouler.

* Docteur  Histoire

 

Mercredi 7 Mars 2012

Mohamed LMOUBARIKI *

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