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- Publication : lundi 18 juin 2012 20:38
Travail des enfants Publié le : 11 Juin 2012 - Hajjar El Haiti, LE MATIN
Le phénomène persiste malgré les efforts pour l’éradiquer
● À l’instar des autres pays, le Maroc célèbre aujourd’hui le 10e anniversaire de la Journée mondiale contre le travail des enfants.
● Malheureusement, des dizaines de milliers de jeunes mineurs sont toujours exploités économiquement au Maroc.
Selon l’enquête du HCP, le phénomène du travail des enfants touche beaucoup plus les garçons que les filles, près de 6 enfants sur 10 sont de sexe masculin.
Malgré tous les efforts qui ont été fournis pour éradiquer le travail des enfants, ce phénomène persiste toujours. Bien que le Maroc ait ratifié plusieurs conventions internationales relatives aux droits de l’enfant notamment pour la lutte contre l’exploitation économique des mineurs, leur nombre reste toujours assez élevé. En effet, quelque 123 000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans travaillaient en 2011, soit 2,5% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge, selon les résultats d’une enquête du Haut commissariat au Plan (HCP), rendus publics hier lundi à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, célébrée le 12 juin de chaque année. Cependant, il faut reconnaître que le phénomène est en forte régression depuis 1999 où il touchait 9,7% de l’ensemble des enfants de 7 à moins de 15 ans, soit 517 000 enfants.
Par ailleurs, le travail des enfants de moins de 15 ans est un phénomène concentré principalement en milieu rural où il touche 5% des enfants (113 000) contre 16,2% en 1999 (452 000 enfants). Dans les villes, il concerne 0,4% des enfants (10 000) contre 2,5% en 1999 (65 000 enfants). En somme, plus de neuf enfants actifs occupés sur dix (91,7%) résident en milieu rural, précise l’enquête du HCP, ajoutant que ce phénomène touche beaucoup plus les garçons que les filles, près de 6 enfants sur 10 sont de sexe masculin. Une proportion qui varie de 53,3% en milieu rural à 87,3% en milieu urbain.
Les principales raisons avancées concernant la non-scolarisation des enfants au travail sont l’absence d’intérêt pour les études (37,3%), l’absence de moyens financiers pour couvrir les coûts liés à la scolarité (19,4%), la non-disponibilité d’établissement d’enseignement dans le lieu de résidence ou leur inaccessibilité (16,2%) et l’obligation d’aider le ménage dans ses activités professionnelles (9,8%). L’enquête indique également que 24,9% des enfants travaillent parallèlement à leur scolarité, 53,9% ont quitté l’école et 21,2% n’ont jamais fréquenté l’école.
Le travail des enfants reste concentré dans certains secteurs économiques. Ainsi, en milieu rural, ils sont 93,6% à travailler dans «l’agriculture, forêt et pêche». En zones urbaines, les «services», avec 54,3%, et «l’industrie y compris l’artisanat», avec 26,5%, sont les principaux secteurs employeurs des enfants. À propos du statut dans l’emploi, plus de 9 enfants actifs occupés sur 10 en milieu rural travaillent dans le cadre familial. En milieu urbain, près de la moitié des enfants sont des apprentis (44,3%), un peu plus du quart des «aides familiales» (26,3%), un enfant sur cinq travaille en tant que salarié (20,3%) et un sur dix en tant qu’indépendant (9,1%).
Concernant le cadre familial des enfants au travail, l’enquête du HCP révèle que le travail de ceux-ci concerne 98 122 ménages, soit 1,5% de l’ensemble des ménages marocains, concentrés en milieu rural (88 631 ménages contre 9 491 dans les villes).
Ce phénomène touche surtout les ménages de grande taille. La proportion des ménages ayant au moins un enfant au travail est de 0,3% pour les ménages de trois personnes et augmente progressivement avec la taille pour atteindre 3,7% parmi les ménages de 6 personnes et plus.
La proportion des ménages dont au moins un enfant est au travail est quasi nulle parmi les ménages avec un chef ayant un niveau d’instruction supérieur et s’établit à 2,6% parmi les ménages dont le chef n’a aucun niveau d’instruction. Cette proportion passe de 0,4% pour les chefs de ménage inactifs à 0,6% pour les chômeurs pour atteindre 1,9% pour les actifs occupés.
Au niveau mondial
Dans un rapport qui marque le 10e anniversaire de la Journée mondiale contre le travail des enfants, l’Organisation internationale du travail (OIT) a constaté qu’il existe toujours un grand décalage entre la ratification des conventions sur le travail des enfants et les initiatives prises par les pays pour traiter le problème. «Il n’y a de place pour aucune complaisance quand il y a 215 millions d’enfants qui doivent travailler pour survivre et que la moitié d’entre eux est exposée aux pires formes de travail des enfants, y compris l’esclavage et l’implication dans des conflits armés. Nous ne pouvons admettre que l’éradication du travail des enfants recule parmi les priorités de l’agenda du développement. Tous les pays devraient s’efforcer d’atteindre cet objectif, à titre individuel, et collectif», a déclaré Juan Somavia, directeur général de l’OIT. Selon cette organisation, de nouvelles statistiques publiées le 1er juin ont montré qu’environ 5 millions d’enfants sont victimes du travail forcé, notamment d’exploitation sexuelle à des fins commerciales ou de servitude pour dettes. Le rapport indique également que les progrès dans la réduction du travail des enfants ont souvent été mis à mal par l’incapacité à traduire les engagements dans la pratique.
Repères
- La Journée mondiale contre le travail des enfants met en lumière, cette année, le chemin qui reste à parcourir suivant la Feuille de route adoptée par la communauté internationale en 2010 en vue de l’élimination des pires formes de travail des enfants d’ici 2016.
- Elle est célébrée cette année sur le thème : «Droits de l’Homme et justice sociale : éliminons le travail des enfants».
Publié le : 11 Juin 2012 - Hajjar El Haiti, LE MATIN